Un prisonnier politique raconte à un compagnon de détention le cheminement intérieur d’un ministre de l’Albanie communiste face à la mort. Celui-ci est enfermé dans une cellule spéciale où il a la certitude d’être exécuté. Il est accusé à tort d’avoir organisé une révolte de prisonniers à l’époque où il était chef de la Sécurité d’État.
Pour que son souvenir survive à la mort, le ministre décide de plaider coupable à son procès et monte une argumentation sans faille pour corriger l’image qu’il laissera à la postérité : il n’a pas trahi le Parti et les raisons de faire ce qu’il a fait sont justes.
Mais l’Histoire qu’il a voulu piéger en construisant cette vérité se répète et retournera le piège lors d’une autre révolte qui aura lieu dix ans après.
Cette nuit-là, il n’a pas sommeil, au-delà des chaînes de petites collines qui laissent libre cours à sa vue, il contemple le paysage et un lever du jour dont il se souviendra des années plus tard – à des moments décisifs de sa trajectoire toujours en ascension – et après d’autres nuits d’insomnie qui n’en deviennent qu’une seule dans le premier lever de l’aube qui a quelque chose de la création du monde et qu’il n’aura plus le loisir de contempler.
Bashkim Shehu est né en 1955 à Tirana. Il a publié une dizaine de livres, récits et romans. Depuis 1997, il vit à Barcelone où il fut accueilli en ville-refuge. Il compte parmi les auteurs les plus marquants de langue albanaise.
© Novembre 2015
10 × 15 cm - 28 pages
ISBN 979-10-93722-08-5 / 7 €